Charlotte 6 - L'arbre au chewing-gum - Christophe Colomb - Les Arawwaks -

Publié le par clovisperrin

               Relisant ce chapitre, je me rends compte qu'il comporte des descriptions botaniques sans intérêt dans un récit ( si ce n'est pour moi qui adore me repérer dans le monde végétal ). 
               Je vous présente donc mes excuses !  Je vais essayer de le réécrire en élaguant le plus possible.
                Le nouveau texte se nommera  "Charlotte 6 bis"
                Si l'un de vous me donne son avis, merci !
                Si vous préférez le 6 bis, je supprime le 6. 
             



                              20- Le sapotillier




                            De toutes façons, les trois îliens ne passaient pas tout leur temps à lire ou à parler de leurs lectures. Ils  continuaient, jour après jour, à explorer l'île, à en dessiner la carte, et à faire des découvertes.
 

 

                                                   

                              C'est ainsi qu'à l'extrémité sud-ouest, juste après la barre rocheuse où avait trouvé refuge la bibliothèque, Sophie et Casimir découvrirent des arbres d'une taille moyenne, dont les branches inférieures, horizontales, portaient à leurs extrémités des bouquets de longues feuilles, de forme elliptique, avec à leurs aisselles,  à la fois des petites fleurs blanches, et des fruits ressemblant à des pommes. L'un de ces arbres avait été abattu, sans doute par la foudre, car le tronc était comme éclaté. Ils rapportèrent un morceau du tronc et des fruits.

 

 

                              « Ces arbres sont des sapotilliers »
                              dit Charlotte. 
                              Plusieurs livres traitant de la flore tropicale faisant partie de sa bibliothèque, Charlotte compléta ses connaissances concernant cet arbre et leur en put leur en faire une présentation  en règle.
 

 

                Le nom botanique du sapotillier est « Manikara Zapota»,de la famille des Sapotacées.

Il est ici dans son pays d'origine, à savoir les Caraïbes, l'Amérique centrale et le sud-est du Mexique.
Ses plus hauts spécimens atteignent 30 à 35 mètres.    
Ses longues feuilles persistantes, légèrement dentées, sont disposées en spirales.
Son bois est d'excellente qualité, et recherché en ébénisterie.
Mais il est surtout précieux pour son fruit et son latex.


 

 

                Son fruit tout d'abord.

Globuleux, d'un poids de 75 à 120 grammes, il est excellent.
C'est « la sapotille ».
Sa peau, fine, n'est qu'une simple pellicule qui se gratte facilement avec le doigt.
Sa chair est translucide, soit brunâtre (d'un brun pâle un peu verdâtre), soit rougeâtre, et ressemble alors beaucoup à la chair du kaki.
Elle est légèrement granuleuse, un peu comme celle de la poire.



 

Il ne faut manger la sapotille que lorsqu'elle est très mûre, un peu blette. Avant, quand elle est encore verte, immature, elle est trop riche en tanin et de ce fait d'une saveur désagréable. Elle est bonne à cueillir lorsqu'elle devient d'un gris brun jaunâtre. Bonne à cueillir, mais pas encore à manger ! Le latex qu'elle contient collerait aux lèvres. Il faut attendre encore un peu, qu'elle devienne très molle.

La chair est alors parfaite, tendre, fondante, juteuse, moelleuse, à la fois très sucrée et très parfumée, d'une saveur douce, intermédiaire entre celle du miel, du caramel, de l'abricot et de la figue fraîche. On la déguste à la cuillère comme on le fait pour celle de l'avocat, mais elle peut servir pour préparer une salade de fruits, une compote, une confiture, une pâte, un jus, un sorbet, une crème.

Au centre du fruit se trouvent des graines : un à six pépins noirs, aplatis, qui contiennent une amande amère, laquelle peut servir à préparer une infusion.

                          

 

Le sapotillier est donc un arbre fruitier tout à fait remarquable. D'autant plus qu'il donne des fruits toute l'année, sans interruption. C'est l'arbre typique de « l'éternel été ». Il est maintenant cultivé dans tous les pays de la zone tropicale : Inde, Madagascar, Australie, Thaïlande, Tahiti. Un seul inconvénient : c'est un fruit intransportable, il faut venir le consommer sur place !

 

 

La sève du sapotillier est un latex : quand elle est cuite, elle se transforme en une gomme brunâtre qu'on appelle « le chiclé », et que vous connaissez sûrement ... non ? Pourtant c'est avec le chiclé qu'on fabrique le chewing-gum. « Chiclé » est un mot aztèque, et il est peut-être à l'origine des mots « chique » et « chiquer » (« chiquer du tabac »). Ainsi le sapotillier est-il « l'arbre au chewing-gum ». On l'incise, pour récolter sa sève, exactement comme on fait pour les pins des Landes. Ou plutôt « était » l'arbre au chewing-gum, car il est relativement rare et ne suffirait pas à la demande. Le chewing-gum est maintenant fabriqué avec des gommes synthétiques issues d'un mélange d'élastomères, de cires et de résines artificielles. S'il se fabrique encore un peu de chewing-gum à partir du chiclé, c'est pour le « haut de gamme » uniquement !

Il y a plus de 2000 ans, les Mayas mâchaient déjà le chiclé (mot qui se prononce « tchiclé »). Le sapotillier était d'ailleurs l'arbre sacré des Mayas (au Guatemala). Ils se servaient aussi du chiclé pour faire des balles à jouer.

 

                          « Je croyais, dit Sophie, que le mot chiquer provenait d'une onomatopée, imitant le bruit que l'on fait en mâchant.

                          - Possible, mais cela peut valoir aussi pour les Mayas quand ils ont nommé cette gomme qu'ils mâchaient « chiclé ».
                          Les Mayas n'étaient d'ailleurs pas les premiers à mastiquer ainsi des substances végétales : les hommes préhistoriques mâchaient déjà de la sève de conifères.
                          - Ils avaient donc besoin, eux aussi, de se défouler ?
                          - Peut-être.
                            Quelqu'un a dit : « En chaque homme, il y a un rongeur qui sommeille ».
                          - En fait de rongeurs, je crois plutôt que ceux qui mâchent du chewing-gum ressemblent à des ruminants ! Lança Sophie. 
                          - Mais personne ne nous oblige à fabriquer du chiclé.
                           Il nous suffira de nous délecter des  fruits de ces arbres merveilleux !
                          Vous avez bien fait de les rapporter. 
                          Et en plus, nous brûlerons le bois, et vous verrez, ou plutôt vous sentirez : il dégage en brûlant une très agréable odeur d'encens.

 

                         Mais tant que j'y suis, ajouta Charlotte, je vais vous dire deux mots de quelques  cousins du sapotillier, c'est-à-dire d'arbres appartenant eux aussi à la famille des sapotacées, et dont la sève est aussi un latex. 
                        Ce sont des « palaquium gutta »
                        - Ce nom ne me dit rien du tout !
                        - Pourtant vous connaissez le produit que l'on tire  du latex de ces arbres, c'est la « gutta-percha ».
                        - De nom, oui, mais je ne sais pas ce que l'on en fait.
                        - Et bien beaucoup de choses ! C'est une substance moins élastique que le caoutchouc, mais tout à fait imperméable, inattaquable par les acides, et qui est un excellent isolant électrique. On s'en sert pour isoler les  câbles électriques, en particulier sous-marins, et les fils téléphoniques,  mais on s'en sert aussi en chirurgie, en prothèse dentaire, et pour fabriquer des adhésifs, du sparadrap, et même des balles de golf.


                        En fait ces arbres là ne poussent pas aux Antilles, mais en Malaisie (on appelle la gutta- percha la « gomme de Sumatra »). Si je vous en parle, c'est pour vous montrer combien de nombreux arbres sont précieux du seul fait de leur latex ».

 

                       Curieuse coïncidence, l'arbre à pain était aussi un arbre à latex.
                       Casimir attendait la suite avec impatience.
                       Comment l'arbre à pain, originaire de Malaisie, puis disséminé il y a bien longtemps dans tout le Pacifique, et en particulier à Tahiti, comment l'arbre à pain avait-il été amené aux Antilles ?


                       Et curieux échanges : le sapotillier, vivant lui dans toute la région caraïbe, avait, un peu plus tard, été transporté en Asie du sud-est et jusqu'à Tahiti.

                       La mondialisation était déjà en route !
                       Une mondialisation botanique.



 

                                 21- Inflexible Charlotte

  


 

                       Casimir éprouvait une sorte de gêne vis-à-vis de Charlotte. 
                       Un de ses meilleurs souvenirs d'enfance était d'avoir, en 1937, visité à Paris l'exposition universelle où il avait été ébloui par les pavillons représentant les splendides colonies françaises.



 
 

 

                          Ebloui et tellement fier d'être français, fier que la France « possède » toutes ces belles colonies, fier de voir tout ce rose s'étendre sur la carte du monde, proclamant ainsi la grandeur de la patrie, de son merveilleux Empire !
                           Et sonnez trompettes et battez tambours !


                           La décolonisation avait ruiné ce glorieux édifice, engendré regret et déception, sans toutefois supprimer la fierté qu'il éprouvait encore maintenant, mais comme en secret.


                           Par sa seule présence, il lui semblait que Charlotte lui adressait un reproche silencieux. 
                           Elle lui avait déjà fait perdre l'adoration béate qu'il éprouvait pour la poésie de Heredia.
                           Elle allait maintenant lui ouvrir les yeux sur la réalité historique, mais il ne le savait pas encore.  

 

                           Sans avoir l'air de rien, au cours d'une conversation, Charlotte posa une question  : 

            « Quand l'Amérique a-t-elle été découverte? » 

                          Cette question s'adressait autant à Casimir qu'à Sophie.

                          Sans méfiance, Casimir répondit : « En 1492 ».


                          « Et bien ça, c'est révoltant ! S'écria Charlotte. 
                          Quand vous dites cela, c'est comme si vous effaciez le fait que, sur ce continent aussi, autant que sur le vôtre, vivaient des êtres humains depuis des milliers d'années ! »


                           Casimir, dont l'esprit était un peu lent, crut bon de dire :
                          « Oui je sais que les Vikings ont découvert l'Amérique bien avant Colomb ....

                          - Je me moque bien de savoir que les Vikings, ou d'autres, sont venus avant....!  Lui rétrorqua Charlotte.

                          Ce que j'essaye de vous dire c'est que des gens, de véritables êtres humains, aussi humains que vous les Européens, existaient là, vivaient là !
                          Et en affirmant que l'Amérique a été découverte en 1492, vous les tenez tous pour zéro !
                          L'Amérique a été découverte quand ces premiers hommes sont arrivés sur le continent, et la seule chose qui puisse être dite, c'est qu'en 1492, Christophe Colomb a découvert un continent, qui était déjà habité, et dont les Européens ignoraient l'existence.
                         Ce n'est pas du tout pareil ».


                            !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

                        
Casimir pensa soudain à Tobie.
                        On raconte dans la Bible  que des écailles tombèrent de ses yeux.               
                        Casimir eut la même impression.
                        Lui apparut soudain en pleine lumière l'étrangeté de dire qu'en 1492 un continent fut découvert, et non pas un peuple
                        La seule chose qui importait pour les Européens, c'était donc le territoire, le sol, les richesses  dont on allait s'emparer.
                        Si des gens vivaient en cet endroit, c'était secondaire, et simplement un peu gênant,  mais on allait les écarter sans problème !
                        On était pas venu là pour faire leur connaissance !

 

          

 

                       « Comment se déroula exactement le tout premier contact ? reprit Charlotte. Imaginez.....

                      
 Le 12 octobre 1492 Christophe Colomb arrive sur une île.
                        Les habitants de cette île, voyant ces étranges bateaux, qui leur semble être d'énormes maisons, sont émerveillés et se précipitent, se jettent à l'eau pour accueillir les voyageurs.



 

                        Ce que Christophe Colomb lui-même a écrit à propos de cette rencontre extraordinaire fait frémir :


                       « Ils nous apportèrent des perroquets, des ballots de coton, des javelots et bien d'autres choses, qu'ils échangèrent contre des perles de verre et des grelots.
                           Ils échangèrent de bon cœur tout ce qu'ils possédaient.
                           Ils étaient bien bâtis, avec des corps harmonieux et des visages gracieux [...]
                           Ils ne portent pas d'armes, et ne les connaissent d'ailleurs pas, car lorsque je leur ai montré une épée, ils la prirent par la lame et se coupèrent, par ignorance.
                           Ils ne connaissent pas le fer.
                           Leurs javelots sont faits de roseaux.»

                           Et écoutez bien la suite de ce que Christophe Colomb  écrit alors :
                          « Ils feraient de bons serviteurs.
                     Avec cinquante hommes, on pourrait les asservir tous et leur faire faire tout ce que l'on veut. »

 

                           Vous avez bien entendu !
                           Il ose dire, à propos de ces gens qui viennent à lui sans méfiance, qui apportent aux marins de l'eau fraîche, de la nourriture, des cadeaux, il ose penser et écrire ces mots terribles : 

                          « Avec cinquante hommes,
                             on pourrait les asservir tous » 
!


                           Colomb écrira plus tard :
                          « Dès que j'arrivais aux Indes, sur la première île que je rencontrais, je m'emparais par la force de quelques indigènes, afin qu'ils puissent me donner des renseignements sur tout ce qu'on pouvait trouver dans ces régions ».

 

 

                            Tout dans la façon que vous, les Européens, avez de parler de cette « découverte » de l'Amérique, reprit Charlotte, est révoltant.
                           Vous avez cru arriver en Inde, soit : chacun peut se tromper.  
                           Mais l'erreur une fois reconnue, vous avez continué à parler des « Indiens », pourquoi ?
                          Cela a été à moitié corrigé plus tard quand a été inventé le terme d' « Amérindiens ». Mais c'était uniquement pour la forme : ces gens sont restés des « Indiens », considérés par vous comme le sont  les mauvaises herbes  d'un jardin ».

                           Sophie jeta un bref coup d'œil à Casimir, mais tous deux restèrent silencieux.

 

                         Charlotte leur dit alors :
                        « Moi, je vais vous parler des Arawaks ».





                      22- Les Arawaks





                        Charlotte l'avait dit à Sophie : elle était une Arawak.

                         Nom plein de mystère pour Sophie et Casimir.

 

                        Carlotte leur dit :
                        « Je vais vous faire voyager dans l'espace et le temps.

 

 

 

Dans l'espace d'abord.

 

                         Nous allons survoler la grande forêt amazonienne, plus spécialement sa partie nord qui est actuellement le Venezuela. Vous voyez ce fleuve : il a plus de 2.000 kilomètres de long, c'est l'Orénoque. Il est la colonne vertébrale du Venezuela.




                        C'est le troisième fleuve du monde par son débit (33.000 m3/seconde) après l'Amazone et le Congo. La superficie de son bassin dépasse celle de la France. Il se termine par un delta aussi grand que la Belgique. Le fleuve se divise en des bras innombrables avant de rejoindre l'Atlantique dans une immense embouchure où se trouvent dispersées une multitude de petites îles.

 

                         C'est dans l'une de ces îles que Daniel Defoe a fait vivre durant 28 années son héros Robinson Crusoë.               

 

 

 

Dans le temps maintenant.

 

                         Remontons mille ans avant notre ère.

                         A cette époque, sur les grands plateaux andins, de grandes civilisations se développent et vont produire des architectures étonnantes.

 

                         Mais zoomons sur la forêt tropicale qui borde étroitement les eaux limoneuses du grand fleuve Orénoque et des multiples affluents qui le rejoignent.

                         Nous apercevons de petits villages. Des gens s'affairent sur des pirogues.

                         Zoomons encore pour regarder de plus près ces gens.



 
 

 

                          Manifestement leur mode de vie est très « primitif ». Ils ne connaissent pas les métaux, se taillent des outils de pierre ou d'os, ou d'arêtes de poisson.

                          Ils se nourrissent surtout de poissons et de petits gibiers.        

                          Pendant que les hommes vont chasser ou pêcher, les femmes récoltent dans la forêt de jeunes racines, des tubercules comestibles, des cœurs de palmiers, des graines et des fruits.  Elles récoltent aussi du miel sauvage. Et elles font la cuisine.   
                          Ces populations sont encore à l'âge néolithique.

 

 

 

     A l'époque moderne, des populations vivent dans des conditions presque similaires dans les zones les plus reculées des forêts brésiliennes ou guyanaises.   
        

                                  

               On qualifie ces populations d'« indiennes », ou d'« amérindiennes ».

               Mieux vaudrait dire qu'elles sont « amazoniennes ».

               Ce sont des « Arawaks ».

               Ils cultivent du manioc sur brûlis, ce qui les force à adopter une vie nomade en n'établissant que de petits villages provisoires autour desquels ils créent des jardins pour faire pousser quelques courges, des haricots.

En fait ils dépendent surtout de la pêche et de la chasse pour se nourrir.

 

               Or voici : quelques siècles avant notre ère, il se passe quelque chose de particulier.  

 

 

               Ces gens montent dans leurs pirogues et s'en vont.

               Non, ils ne vont pas à la pêche.
               Ils s'en vont avec tout ce qu'ils peuvent emmener.  
               Ils descendent le fleuve.
               Sont-ils chassés, refoulés par des tribus plus puissantes ?
               Peut-être. 
               Ou bien est-ce seulement la vie qui est devenue plus difficile ?

               Ils vivent dans ces forêts depuis au moins 5000 ans, mais leur situation a progressivement changé.
               Au tout début, ils se livraient exclusivement à la chasse et cela suffisait largement pour les faire vivre. Le gibier abondait, et pas du petit gibier, mais de très gros mammifères : des sortes de « paresseux » énormes, du genre de ceux qui mangeaient les oranges des Osages en Amérique du nord, et également des tatous géants.  Mais ces magnifiques animaux ont disparu et ils doivent quelquefois se contenter de chenilles, de vers palmistes, de termites. La chasse n'est plus ce qu'elle était !
                Alors ils ont décidé de partir.

 

 

 

                Leur émigration va se réaliser par vagues successives.
                Où vont tous ces gens ?
                Suivons-les.
                Arrivés dans le delta, cet immense et inextricable labyrinthe de canaux entourant de vastes zones humides, de nombreuses îles s'offrent à eux. Ils s'y installent.

                Certaines sont déjà habitées par les Waraos, une autre ethnie qui vit là depuis peut-être 5000 ans, mais la plupart sont inoccupées. Ils y construisent des maisons sur pilotis. Les Waraos leur apprennent les techniques de pêche et de navigation.

                Pour dormir, il leur est difficile de se faire des couches de feuilles et d'herbes sèches comme ils faisaient dans la forêt, à cause de la trop grande humidité, alors ils inventent le hamac.
                De chasseurs qu'ils étaient, ils deviennent des pêcheurs. Les poissons sont ici en abondance, comme les coquillages. Des lamantins vivent en grand nombre dans les eaux côtières, ainsi que des tortues marines.


 

                       

 

 

               D'autres pirogues arrivent, avec de nouveaux émigrants.

 

              - Des « boat people » en quelque sorte.

              - Non, pas exactement, car ce ne sont pas des individus qui tentent leur chance en payant leur passage, mais des communautés entières qui se déplacent par leurs propres moyens.

               Ces nouveaux émigrants traversent le golfe de Paria, installent leurs villages sur les bords de ce golfe, puis sur la côte et dans la forêt proche de la côte, également  dans l'île de la Trinité (elle ne s'appelle bien sûr pas encore comme ça !).

 

               Lorsque de nouveaux groupes arrivent à leur tour, ils s'en vont encore un peu plus loin, pour peupler l'île de Tobago, puis celle de Grenade.

 

              Vivant au contact de la mer, les Arawaks deviennent de meilleurs marins, apprennent à construire des embarcations qui peuvent faire plus de quarante mètres de long.  
              Ils s'enhardissent et  remontent plus loin vers le nord. Ils  rencontrent les îles Grenadines. Elles sont sèches et arides, ils ne s'y arrêtent pas, mais vont peupler l'île Saint Vincent et un peu plus tard l'île Sainte Lucie.

 

 Peu avant le début de l'ère chrétienne, ils s'installent en Martinique.

 

               Au cours des siècles suivants, ils occupent les îles qui se trouvent encore plus au nord : la Guadeloupe, Marie Galante, Saint Kitts, Antigua, Saint Martin, pour atteindre enfin une grande île : Porto Rico, vers l'an 200 de notre ère, et peu après les îles Vierges.

 

 

 

               - Alors ils sont peut-être venus dans notre île ! s'écria Sophie.


               Un instant Charlotte sembla hésiter avant de répondre à cette question, comme si elle ne voulait pas révéler un secret. Puis elle dit simplement :

               - C'est possible.

 

 

 

 

               Entre 300 et 1000 de notre ère, les Arawaks vont encore étendre leur territoire en occupant  les trois autres îles des Grandes Antilles : la Jamaïque, Hispaniola(qui deviendra Haïti et la République Dominicaine) et Cuba. Également les îles Bahamas.

 

 

               - Mais ces îles, où ils s'installent, ne sont-elles pas habitées?

               - Si, les Grandes Antilles ont déjà des habitants, surtout Hispaniola et Cuba.
               Ce sont des populations troglodytes, les « Ciboneys ».

               Venus eux aussi d'Amérique du sud, ils vivent là depuis 3500 ans avant JC. « Ciboney » est un mot arawak qui signifie « ceux qui habitent dans des grottes ». Les Ciboneys sont les représentants d'une civilisation plus ancienne, paléolithique. Ils ne vivent que de la cueillette, de la chasse et de la pêche, ne cultivant pas du tout le sol.

 

                 - Et ils vont être chassés par les Arawaks !

                 - Pas exactement.
                  Ils ne sont pas très nombreux et ne constituent pas une société bien organisée. On ne peut dire qu'ils peuplent véritablement ces grandes îles.
                   Pour une part ils vont être relégués dans des régions retirées de ces îles, mais pour une autre part, ils vont se mêler aux Arawaks pour constituer une ethnie métissée, qui va être appelée Taïnospar les Espagnols quand ils arriveront sur Hispaniola (Taïno étant un mot Arawak signifiant « bon » ou « noble »).

 

                   Au terme de cette expansion, les Arawaks (les « Taïnos » dans les Grandes Antilles) occupent un très vaste espace qui, non seulement comprend tout l'arc antillais (étendu de plus de 3000 km du nord au sud) y compris les Grandes Antilles, mais qui s'étend, vers l'ouest, jusqu'aux contreforts de la cordillère des Andes, vers le nord jusqu'en Floride et aux îles Bahamas, et vers le sud, tout le long de la côte Est de l'actuel Brésil.

 

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M
J'aime bien la botanique et préfère cette version.<br /> La Gutta est aussi utilisée en peinture sur soie pour cloisonner les différentes couleurs sur la soie, je ne connaissais pas sa provenance. Merci Clovis-Kasimir.<br /> Finalement Cristophe Colomb n'est pas un héros digne d'admiration...<br /> On s'y croirait vraiment sur cette île !
Répondre
C
<br /> Honte : je ne lis ton com qu'une semaine après.<br /> Je veux peut-être en faire plus que je ne peux.<br /> Merci de préférer cette version : je ne l'ai donc pas écrite pour rien puisque tu l'as appréciée.<br /> <br /> Curieux vois-tu : quand je me suis lancé dans ce voyage (imaginaire) je ne savais pas en fait ce que j'allais trouver, et j'ai vraiment fait des découvertes bouleversantes ! Elles ont changé ma<br /> vision ancienne sur plusieurs points.<br /> <br /> <br />
C
Mais c'est passionnant tout ce monde végétal; on rêve en dégustant les fruits inconnus ou en machant du chicle . Je vote pour garder les paragraphes !
Répondre
C
<br /> ça me rassure un peu !<br /> Je vais mettre quand même la version courte, sous le nom de 6 bis.<br /> <br /> <br />